Cérémonie du 1er mai 2017- Disccours

Publié le par Mickaël HIRAUX

Cérémonie du 1er mai 2017- Disccours

Nous sommes réunis aujourd’hui pour commémorer l’évènement tragique qui endeuilla le 1er mai 1891 à Fourmies.

Avant toute chose, je pense que tout comme moi vous avez encore en tête le manque de respect délibéré de certaines organisations syndicales l’année dernière lors de la minute de silence en mémoire des fusillés du 1er mai à Fourmies.

Tout comme moi, beaucoup avaient été heurtés par cette attitude.

C’est pourquoi, afin de ne plus revivre un tel manque de considération pour ce passé tragique et leurs victimes, j’ai souhaité leur rendre hommage en fin d’après-midi ce 1er Mai.

Mais, revenons à ces jeunes gens, au seuil de leur vie, fauchée ce 1er Mai 1891.

Plongeons nous dans le contexte de l’époque.

Et pour ce faire, je me suis référéà deux ouvrages :

‘L’Histoire de Fourmies » par l’Abbé Paulin Giloteaux, et

« la fusillade de Fourmies » par André Pierrard et Jean Louis Chappat.

La loi du 21 mars 1884, sur les syndicats, donnant aux représentations professionnelles la possibilité de se constituer librement, développa dans la classe ouvrière, une ardeur que ne surent pas toujours maitriser avec sagesse, ceux qui avaient la responsabilité de la conduire.

D’où certaines grèves et émeutes qui ont privilégié l’affrontement et la violence plutôt que la discussion dans le calme et la raison.

Pourtant, le débat est tellement plus efficace et constructif pour faire aboutir des revendications au demeurant légitimes pour faire adopter de nouveaux droits de progrès social.

Mais, la liberté à outrance répandue dans le monde des affaires avait provoqué ce qu’on appelle « l’école libérale », ayant pour principe directeur la formule « laissez faire et laissez passer », ce qui allait susciter une concurrence effrénée à travers l’humanité, sans songer à protéger au point de vue physique et spirituel, la santé et la liberté des ouvriers.

Mais, quelques jours avant ce 1er mai 1891, plusieurs textes de propagande n’ont fait qu’augmenter la tension.

Le 24 avril, un grand tract est distribué par les militants du parti ouvrier local, un appel à venir en masse à la manifestation du 1er mai.

Le 30 avril, le patronat fourmisien distribue un manifeste dans lequel il invite les usiniers à faire preuve de tolérance le 1er mai.

Le 30 avril en fin d’après-midi un second tract en réponse, édité par des organisateurs de la journée du 1er mai et intitulé « groupes ouvriers » circule.

Puis un dernier texte, placardé dès la fin de la matinée dans toutes les usines qui mentionne une volonté patronale d’empêcher la grève du lendemain.

Toute cette propagande provoqua bien naturellement une profonde émotion et une grande agitation dans la classe ouvrière qui se préparait à manifester le 1er mai.

Mais les victimes du 1er mai 1891 à Fourmies, n’étaient nullement des perturbateurs et des émeutiers, mais de modestes travailleurs, voire même des jeunes filles et des gamins surpris dans une échauffourée malheureuse.

Dans l’après-midi du 1er mai 1891, a été organisée comme prévue une manifestation où se mêlaient les travailleurs et leurs familles.

Ils n’étaient pas armés.

Vers 18h, l’effervescence est à son comble et des violences sont commises par jets de pierres contre la gendarmerie.

Puis, l’incompréhensible c’est produit…

Tout est allé très vite.

La troupe appelée sur place a reçu l’ordre terrible de tirer.

Le bilan est terrible. 9 morts dont plusieurs adolescents et enfants et une trentaine de blessés :

Maria BLONDEAU, 18 ans, soigneuse est tuée à bout portant

Louise HUBLET , 20 ans, soigneuse, s’écroule, 2 balles au front

Ernestine DIOT, fraudeuse, 17 ans, recevra 5 balles

Félicie TONNELIER, rattacheuse, 16 ans, recevra 4 balles

Kleber GILOTEAUX, 19 ans, rattacheur, est d’abord touché par 3 balles, fera encore quelques mètres sans lâcher son drapeau, puis recevra de nouveau 2 balles,

Charles LEROY, 20 ans, tisseur non gréviste, sera tué de 3 balles

Emile SEGAUX, 30 ans, tisseur, recevra 5 balles

Gustave PESTIAUX, écolier de 14 ans sera tué de 2 balles

Emile CORNAILLE , son camarade de 11 ans aura le cœur transpercé par une balle

Une dixième victime succombera le lendemain, Camille LATOUR, 46 ans.

La réprobation pour cet acte a eu un retentissement national. Jaurès et Clémenceau l’ont évoqué.

L’abbé Paulin Giloteaux écrira

«le drame sanglant de la grève de 1891 à Fourmies apparait surtout comme un épisode douloureux du conflit permanent existant depuis toujours entre le capital et le travail,

conflit devenu aigu, au cours du XIXe siècle,

après l’apparition du machinisme et appelé à être résolu non pas par la force et la violence, l’intransigeance excessive ou les revendications révolutionnaires,

mais par l’accord pacifique des agents de production, qui, loin de se combattre dans une lutte des classes stérile et nocive ,

doivent, au contraire, s’harmoniser dans un esprit compréhensif de concorde fraternelle, par l’application idéale des vertus de justice et de charité »

Alors, bien sûr, cette tragédie ne pourrait se dérouler de nos jours dans un pays comme le nôtre.

Cependant, un tel drame illustre bien évidemment jusqu’au paroxysme à quel point peuvent conduire l’incompréhension et les crispations entre les différents groupes composant notre société.

Nous sommes parfois, les uns et les autres, enclin aux affrontements souvent stériles.

Essayons donc à chaque fois de privilégier entre nous le dialogue, l’écoute de l’autre.

C’est à cette condition que nous pourrons créer des relations constructives entre les acteurs de notre vie économique et sociale.

Aujourd’hui, nous fêtons le travail Et en même temps, nous savons bien tous ici que pour tant de nos concitoyens, la première angoisse, la première source de difficultés et de souffrance, c'est bien l'absence de travail.

Individuellement comme collectivement, pour notre société, c'est le chômage notre problème principal, un problème qui est à la source de bien d'autres.

C'est dire s'il nous faut, particulièrement, en 2017, où ce chômage ne cesse de s'accroître encore et toujours, considérer comme prioritaire, comme essentielle, la bataille pour l'emploi.

Nous battre contre le chômage et par tous les moyens, en utilisant toutes les techniques, toutes les actions et en mobilisant toutes les énergies.

Je suis convaincu que, dans une occasion comme celle qui nous réunit en ce moment, nous pouvons souligner avec force le rôle historique constant de l'initiative privée dans notre pays et rétablir l'équilibre en rappelant que l'histoire de la croissance française, c'est l'histoire commune de ses aventuriers anonymes, entrepreneurs dynamiques mais aussi salariés performants à tous les maillons de la chaîne.

Nous pouvons élever la voix pour dire que les difficultés sont réelles, mais qu'elles sont les mêmes pour tout le monde et qu'il se trouve ici également des gens courageux pour relever le défi.

Des gens qui n'ont pas peur, qui croient en leur avenir et qui le bâtissent.

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